Friday, January 4, 2013

Lebanese and Palestinian jihadists in Syria


Last month's twin bombings in the Damascus-area neighborhood of Jaramana, inhabited mostly by members of the Christian and Druze minorities, have stoked fears of the growing role of extremists in the Syrian war. In next-door Lebanon, jihadists who have fought in Syria talk about their battles against the regime of Syrian President Bashar al-Assad.

 

Last summer around the month of Ramadan, Abu Ghureir al-Traboulsi spent three months in Syria fighting the “holy war.” "Life on earth is hanging by a thread, the afterlife is the only thing that matters to me, and I can only reach it by waging jihad,” said the young man confidently during a recent interview.

 

Traboulsi and other jihadists are answering a call by hard-line clerics to enter the fight in Syria. In a video message last February, Ayman al-Zawahiri, the leader of al-Qaeda, called on militants in Iraq, Jordan and Lebanon to stand up and support their "brothers in Syria."

 

In recent months, news circulated of a migration to Syria of small groups of fighters comprised mostly of Sunni Lebanese as well as Palestinian refugees residing in Lebanon. Last April, Abdel Ghani Jawhar, a well-known member of radical Islamist group Fatah al-Islam, was killed in a alongside other rebels in Syria. Other members of the group, which fought a deadly war against the Lebanese army in 2007, were also reported to have spent time fighting in Syria. They were rumored to have joined the Abdallah Azzam brigades, another radical Palestinian group with ties to al-Qaeda that has claimed responsibility for several rocket attacks launched on Israel from southern Lebanon in the last few years. According to sources in Lebanon’s Palestinian camps, the men have since returned to Lebanon.

 

"Palestinian fighters provide logistical support to Syrian revolutionaries, training them on the use of IEDs as well as on the planning of car bombs,” says Hajj Maher Oueid, the leader of an Islamist party in the Palestinian camp of Ain al-Helweh in South Lebanon.

 

Abu Ghureir al-Traboulsi also fought alongside Fatah al-Islam during its war against the Lebanese army. Now his new frontline is Syria. Traboulsi, who is in his early thirties, says he is motivated by two powerful considerations: revenge and faith.  His father was tortured by the Syrian army in the 1980s during the Syrian military and intelligence apparatuses’ 30-year occupation of Lebanon. Joining the Syrian uprising against the Assad regime was for him the obvious next step. The ruling Assad family is mostly Alawite, an offshoot of Shiism, while the majority of the Syrian population is Sunni. According to Islamist sources in Lebanon, many other Lebanese have joined the uprising for religious reasons or due to family or tribal affiliations, especially those in border areas.

 

The open conflict between Shiite Iran and the mostly Sunni Arab countries has also emboldened Lebanese Sunnis to take sides in the Syria conflict. Since the 2005 assassination of Sunni Prime Minister Rafic Hariri, largely blamed on Shiite group Hezbollah—an Iranian and Syrian proxy in Lebanon designated a terrorist group by the United States—the Lebanese Sunni population has been slowly radicalizing. "The policy of Hezbollah targeting Sunnis in Lebanon is seen as a humiliation by all. The only way to stop it is to overthrow Assad,” said Taboulsi.

 

“There is a new holy war taking place in the region between Sunnis and Shiites. After Iraq, it is now taking place in Syria,” he added.

 

Taboulsi crossed the border into Syria, joining the Abu Walid battalion affiliated with the larger al Farouk brigade. The latter, a powerful unit within the rebel Free Syrian Army, is led by Abdul-Razzaq Tlass, the nephew of former Syrian Defense Minister Mustafa Tlass. Both units are mostly made up of Syrians, though they include a small number of Lebanese, Iraqis, Qataris and Kuwaitis. "These foreign militants are mostly of Syrian origin or married to Syrians," said Traboulsi. He participated in several military operations targeting Syrian army barracks as well as one on the headquarters of the Syrian Intelligence services.  Such attacks are usually planned by the FSA’s military council and facilitated by double agents, mostly soldiers still operating within the ranks of the regime forces.

 
While at the beginning of the uprising in Syria nearly two years ago, the role of jihadist fighters was only marginal, it seems to be growing every day along with the regime’s brutal response.

 
Taboulsi watches videos he has filmed in Syria of men carrying Kalashnikovs and RPGs, training or taking position around a tank.  

 
“Every evening we pray before we go to war against the Assad regime in order to be guaranteed a place in paradise if we die,” he says with a smile.  (Mona Alami, USA Today)

Jihad en Syrie

La mort au mois de Novembre dernier d’une vingtaine de jeunes djihadistes Libanais en Syrie a recentré le débat sur le rôle des islamistes en Syrie. Magazine est allé à la rencontre d’un djihadiste libanais afin de tenter de retracer le parcours de ces hommes prêts à mourir au nom de Dieu.

Abou Ghurair (al Traboulsi) est un jeune trentenaire portant la longue barbe des islamistes. Ce nom est un pseudonyme, lui permettant de protéger son anonymat. « Je ne suis pas un salafiste, juste un musulman pratiquant », se défend-il, une fois l’entrevue amorcée.

La révolution syrienne et la guerre civile qui s’en est ensuivie, a permis de raviver le flambeau des mouvances islamistes radicales comme celles d’Al-Qaeda et des autres salafistes djihadistes. Vendredi dernier,  près de 22 djihadistes ont trouvé la mort dans les environs de Tell Kalakh en Syrie. Les combattants seraient tombés dans une embuscade dressée par l’armée syrienne. Seule l’identité de cinq personnes dont Malek al-Hajj Dib, 23 ans, Abdul Karim Ibrahim, 18 ans, Abdul Rahman al-Hasan, 22 ans, Youssef Abou Arida, 26 ans, and Bilal Khodr al-Ghoul, 22 ans aurait été confirmée. A l’instar de ces derniers, Aby Ghurair a grandi dans les quartiers populaires de Tripoli. Il ne rêve, aujourd’hui, que de rejoindre une fois de plus ses compagnons de jihad avec lesquels il a, trois mois durant cette année, mené la « guerre sainte » en Syrie. Contre quels ennemis ? «  L’Iran et ses partisans, ceux qui épousent la théorie de ‘Wilayat al Fakih’ dans le monde arabe, comme le Hezbollah », explique-t-il sur un ton prosaïque. La wilayat al-fakih désigne, en langue persane, la tutelle du guide suprême iranien. « La vie sur terre ne tient qu’à un fil et ce qui compte à mes yeux, c’est la vie dans  l’au-delà, le jihad, la guerre sainte  me la garantiront,  je l’espère de tout cœur », assure-t-il.

Quels sont les raisons qui propulsent les  sunnites musulmans libanais sur le chemin du jihad en Syrie ? « De très nombreux facteurs jouent sans aucun doute, comme notamment le chômage,  la pauvreté et le sentiment de désillusion qu’un grand nombre d’entre nous éprouve,  en nous poussant à rechercher quelque part une certaine forme de justice », ajoute Abou Ghurair.

D’autres considérations émanent du  vécu des habitants de Tripoli. Le père de Abou Ghurair a ainsi été torturé par l’armée syrienne dans les années 80 ; aux yeux du djihadiste, il est donc tout à fait normal que les sunnites libanais ayant eu une telle expérience,  éprouvent un désir de vengeance. Le jeune homme cite à titre d’exemple, le parcours d’une veuve du village de Ersal, Oum Hussein, dont le mari et le fils auraient été tués par l’armée syrienne lors de l’occupation du Liban de 1976 â 2005, et qui se serait ainsi jointe aux combattants en Syrie. Elle dirigerait aujourd’hui une brigade de près de 500 combattants dans les alentours d’Alep.

Le conflit ouvert entre l’Iran, chiite, et les pays du Golf, sunnites, se répercutant sur les communautés sunnites et chiites au Liban ne ferait qu’attiser la colère des sunnites libanais. « La politique du Hezbollah envers les sunnites au Liban est vécue comme une humiliation par tous.  La seule façon d’y mettre fin c’est de renverser  (le président syrien Hafez) Assad. La Syrie est devenue aujourd’hui le ventre mou de cette chaîne formée par la ‘wilayat al fakih’ qui s’étend  depuis l’Iran, L’Irak, la Syrie jusqu’au Liban. Renverser Assad, c’est la briser », assène-t-il.

C’est en compagnie d’une trentaine de combattants que  Abou Ghurair a fait le voyage du Liban jusqu’à la région syrienne de Kousseir, traversant la frontière entre les deux pays. « Le passage de la frontière du côté Libanais c’est fait en toute facilité, mais côté syrien, nous avons essuyé une attaque de l’Armée Syrienne ; l’Armée de Syrie Libre (ASL), avertie de notre arrivée est cependant  venue à notre rescousse, nous n’avons perdu qu’un seul martyr lors des combats», explique-t-il avec détachement.

Le groupe formé par des Libanais, ayant passé ce jour-là la frontière comprenait des hommes de 12 à 30 ans. « L’armée de Syrie libre veille à la  sécurité des militants libanais,  ils veulent éviter autant que possible de faire des victimes dans nos rangs »,  raconte-t-il. Abou Ghurair aurait rejoint la brigade de Abou Walid qui disposerait de près 1000 combattants. Elle mènerait également des opérations conjointes avec les brigades al-Farouk à laquelle elle serait affiliée. Cette dernière brigade, aux relents islamistes, opère dans plusieurs régions notamment celle de Homs. Dans ce dernier secteur, cette unité comprendrait près de 5000 combattants. Les deux unités seraient pour la plupart formées de Syriens, ainsi que de nombreux Libanais, d’Irakiens, des Qataris, et des Koweitiens, selon les témoignages de Abou Ghurair. « Ces militants étrangers sont dans leur majorité ou bien d’origine syrienne ou mariés à des syriennes », souligne-t-il.  Le jeune homme insiste toutefois sur le fait que le nombre d’étrangers figurant dans la brigade de al-Farouk reste limité.

Une fois arrivés dans la région de Kousseir, les militants libanais rejoignent les camps de l’ASL. Ils peuvent toutefois facilement circuler dans cette région, la présence de l’armée syrienne demeurant ponctuelle dans les villes et les villages des environs, selon les témoignages du djihadiste. «Les forces d’Assad se sont retirés dans les montagnes des alentours et ne font généralement que  bombarder les villages, en évitant les opérations sur le terrain en raison de leur dangerosité et du renforcement des unités de l’ASL dans la région », commente-t-il.

La journée des combattants débute le matin par une prière. « Tous les combattants ne s’astreignent pas à cette coutume, certains de nos éléments ne sont pas pratiquants et donc ne prient pas. Certains consomment même de l’alcool, nous ne nous opposons pas à leurs habitudes. Chacun peut pratiquer  sa religion comme il l’entend,  ce qui compte à nos yeux c’est le combat contre Assad », précise-t-il. Le jeune homme signale l’adhésion de militants alaouites et chrétiens aux rangs de l’ASL. « Nous les invitons toujours à la prière du soir, après laquelle nous procédons généralement à nos attaques contre l’Armée syrienne, afin qu’ils aient une chance de rejoindre le paradis », raconte-t-il.

Ces offensives sont en règle générale décidées par le Majlis al-choura de la brigade qui est une sorte de conseil militaire.  « Nous nous attaquons généralement aux barrages de l’armée syrienne. Lors de mon séjour en Syrie, autour du mois de Ramadan, mous avons fait également le siège de la municipalité de Kousseir et de celui des services des renseignements.  Près de 500 hommes de l’ASL ont ainsi combattu 400 membres des services de renseignements et des chabihas, ( milices du régime)  plusieurs jours durant. Une opération menée conjointement par les Brigades Abou Walid et al-Farouk dont le travail a été facilité par des agents double, n’ayant toujours pas fait défection de l’Armée Syrienne. Ces agents double alimentent souvent les brigades en informations précieuses, notamment au sujet des positions de l’armée syrienne ou bien provoquent des diversions au niveau des barrages des forces du régime, afin de garantir à l’ASL un succès militaire.

Mais que fait l’ASL des prisonniers faits lors des combats ? Selon Abou Ghurair, ils commencent par subir un interrogatoire. « L’ASL possède une structure en tous points similaires à celle  de  l’armée syrienne, elle comprend des membres des services de renseignements rompus aux techniques d’interrogation », signale-t-il. Les prisonniers ayant admis leur implication dans des massacres de civils ou de membres de l’ASL sont mis à mort. « Nous réservons un traitement spécial aux membres du Hezbollah participant aux combats auprès des Forces du régime et que nous capturons vivant. Nous les lynchons ou les brûlons », commente-t-il laconiquement.

Selon Abou Ghurair près de 18 chiites libanais, appartenant au Hezbollah, auraient ainsi trouvé la mort lors de son séjour en Syrie. Certains d’entre eux auraient admis avant leur mise à mort, avoir répondu à une Fatwa émise par le numéro deux du parti, Naim Kassem. Une information que Magazine n’est pas en mesure d’infirmer ou de confirmer.

Le parcours d’Abou Ghurair n’est pas unique en son genre. De nombreux Libanais ainsi que des réfugiés palestiniens provenant des camps libanais, prennent le chemin de la Syrie, afin de rejoindre l’insurrection, dans une bataille interprétée par les plus radicaux comme celle du Jugement dernier. Pendant des mois, l'opposition syrienne en exil et les occidentaux ont refusé de reconnaître la présence croissante des djihadistes et autres salafistes au sein de la révolution syrienne. Selon un article paru dans le Figaro, quelques 2000 combattants étrangers se seraient infiltrés en Syrie depuis un an.  De nombreux syriens, déçus par l'impassibilité des pays occidentaux et galvanisés par les scènes de répression choisissent donc le chemin de la guerre sainte.  En Syrie, la fiction a de plus en plus de mal à résister à la réalité. ( Mona Alami pour Magazine)