Wednesday, March 28, 2012

Une cellule salafiste aurait infiltré l’armée



Le démantèlement d’une cellule salafiste-jihadiste au sein de l’Armée libanaise, ce mois-ci, met en évidence la polarisation grandissante de la société et la fragilité de la situation sécuritaire sur la
scène locale.

En début de mois, la bombe explose dans la presse: sept personnes dont deux militaires libanais, auraient planifié des attentats contre des casernes de l’armée, une institution qualifiée
d’«hérétique» par la cellule. Une information confirmée, le lendemain, par le Premier ministre, Nagib Mikati.

«Moustapha Azzo, Alaa Kenaan, Amjad Rafeh, Raëd Taleb et Mahmoud Baraini seraient au nombre des civils accusés d’appartenir au groupuscule», signale une source salafiste. Toutefois, Magazine n’a pas été en mesure de confirmer ces noms auprès de sources officielles.
Selon une source au sein de l’Armée ayant requis l’anonymat, un des soldats arrêtés serait Abdel Kader Naaman, un cadet de l’école militaire en dernière année. Le second soldat appartiendrait à l’unité d’élite des commandos marins.
Selon la source, deux autres militaires seraient toujours suspectés dans cette affaire.
Le dénommé Ali Rachid Hussein, un sunnite du Liban-Nord serait également en fuite. «Ce dernier, accusé d’appartenir à Fatah al-Islam, avait été libéré de prison lors du Ramadan dernier. Il aurait quitté le Liban depuis plus de deux mois, afin de rejoindre la rébellion syrienne. On a perdu sa trace depuis», ajoute la source. Fatah al-islam est un groupuscule terroriste palestinien qui avait combattu l’Armée libanaise en 2007.

Les quatre Libanais seraient affiliés aux Brigades Abdallah Azzam, une organisation palestinienne terroriste qui entretiendrait des liens troubles avec la nébuleuse d’al-Qaïda. Le chef de la cellule serait un Palestinien recherché par la justice du nom de Abou Mohammed Tawfiq Taha, résidant
actuellement dans le camp palestinien de Aïn el-Hélwé. «Abdel Kader Naaman aurait été mis sous surveillance après avoir envoyé son ordinateur à formater chez un de ses amis, également soldat. Ce dernier l’aurait dénoncé à ses supérieurs après avoir visionné des vidéos suspectes», affirme la source militaire. L’armée contrôlait également les appels téléphoniques d’Abou Mohammed Tawfiq Taha, qui serait entré en contact avec les soldats, ce qui aurait permis de faire le lien entre les différents suspects.

Selon certaines sources palestiniennes, Taha résiderait toujours dans le quartier de Safouri, situé non loin de la Rue du Marché dans le camp de Ain el-Helwé. Cet ancien membre du groupuscule terroriste Osbat al-Ansar, proche de l’organisation radicale de Jound al-Cham serait secondé par un dénommé Ziad al-Naaj. Il aurait été en contact à maintes reprises avec le chef d’Al-Qaïda,
Ayman al-Zawahiri.

Abdel Kader Naaman aurait été endoctriné au jihadisme takfiri par son frère, un cheikh salafiste, affirme-t-on dans les milieux de l’armée. Une information toutefois réfutée par la source salafiste
précitée, qui insiste sur le fait qu’aucun «imam de ce nom n’existe au sein de la communauté». Des informations également en contradiction avec celles publiées par al-Akhbar qui souligne que R.T. (Raed Taleb) aurait rencontré Taha sur des sites jihadistes. Raëd Taleb et Amjad Rafeh ainsi que M.Kh.A (Magazine n’a pu obtenir ce dernier nom, susceptible toutefois d’être celui de Moustapha Azzo) auraient reçu une formation sur la fabrication d’engins explosifs improvisés à Aïn el-Hélwé. Raëd Taleb serait également un ami de longue date de l’élève-officier Naaman.
Les deux militaires avaient pour mission de déceler une faille quelconque dans le système sécuritaire de leur caserne afin de pouvoir y introduire les explosifs destinés à une opération terroriste.
Selon As-Safir, le cadet aurait admis qu'il s’apprêtait à mener une attaque terroriste contre l'école militaire. Un autre attentat visant la base militaire de Halat aurait également été envisagé.
«A Tripoli, des membres de la communauté salafiste arguent toutefois que les membres présumés de cette cellule seraient en fait des partisans de l’opposition syrienne. En ce qui nous concerne, nous sommes opposés à tout plan visant à déstabiliser l’Armée libanaise», explique
le cheikh salafiste, Nabil Rahim.

L’infiltration de l’armée par des éléments subversifs, motivés par des croyances religieuses extrémistes, met en exergue les risques que pose le manque de cohésion nationale et identitaire
pour le Liban. Un signe précurseur des dangers qui guettent le pays du Cèdre, qu’à leur habitude nos élus prendront sans doute bien soin d’ignorer. Mona Alami pour Magazine.

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